Le procès des accusés ( à l’heure où j’écris ces lignes le verdict n’a pas été rendu ) d’associations de malfaiteurs terroristes à la suite de l’assassinat de Samuel Paty se termine . Les avocats de la défense de M. Chnina ( le père de la jeune fille ) et de M. Sifraoui ( l’imam autoproclamé qui a qualifié Samuel Paty de » professeur- voyou ») ont plaidé l’acquittement en disant qu’ils n’avaient rien à voir avec l’assassinat . Ce sont pourtant eux qui ont insulté Samuel Paty et donné ses coordonnées sur les réseaux sociaux , informations qui sont parvenues jusqu’au tueur Arnozorov. Une seule personne accusée de complicité a exprimé des remords.
La plaidoirie de la défense a donc été très dure. On ne doit pas sous -estimer le côté rhétorique » spectacle » et provocation des plaidoiries . Les avocats ont dit que leurs clients n’avaient rien à voir avec l’assassinat . Cette défense est en contradiction avec les propos des accusés qui se sont présentés comme des personnes pacifiques débordées par les événements. On peut critiquer ces plaidoiries .Traiter un professeur de voyou et donner ses coordonnées sur les réseaux sociaux, appeler à la haine, jeter un professeur à la vindicte des réseaux sociaux serait donc sans conséquence et justifierait l’acquittement ?
Je verrais autre chose . Il est vraisemblable que le père de l’élève et l’imam autoproclamé ne voulaient pas la mort réelle, physique de Samuel Paty, même s’ils ont pris le risque que cela advienne. En revanche, ils ont voulu sa mort morale et professionnelle. Ils ont cherché à discréditer un professeur de l’ Education nationale , à jeter le soupçon sur lui, et, au delà, sur l’école publique . Les message était clair : un professeur de l’école publique insulte Mahomet et les Musulmans, on ne peut donc faire confiance à cette école et il faut la soupçonner et la détester. C’est nier le rôle émancipateur de l’école et jeter le soupçon et le discrédit sur elle. Le sociologue Eric Maurin a montré que l’interdiction du voile à l’école a été bénéfique pour les jeunes filles musulmanes car elle les a libérées d’un conflit de légitimité entre leur famille et l’école. Plaider l’ acquittement , c’est vraiment insulter la mémoire de Samuel Paty.