Valérie Pécresse a remis en cause l’attribution du nom d’ Angela Davis à un lycée de Saint-Denis, proposé le nom de Rosa Parks et suggéré de laisser au Ministre le soin de trancher. Il faut saluer la décision de Valérie Pécresse et son courage politique. Angela Davis est devenue une icône et personne ne se soucie trop de ses engagements et de ses prises de position. Valérie Pécresse aurait pu ne rien dire. Or, elle a souligné qu »Angela Davis avait signé une pétition contre la dissolution d’ une association soupçonnée d’islamisme, pétition qui dénonçait également l’interdiction du port du voile à l’école et accusait la France de racisme systémique. En s’élevant contre l’attribution du nom d’ Angela Davis au lycée, Valérie Pécresse montre qu’elle prend les engagements d’ Angela Davis au sérieux.
Il faut revenir en arrière. Le mouvement de lutte des Afro-Américains était divisé. Le mouvement pour les droits civiques de Martin Luther King estimait que la fin de la législation discriminatoire permettrait aux Afro- Américains d’être les égaux des autres Américains et réaliserait l’idéal des fondateurs des Etats- Unis » une union sans cesse plus parfaite » comme le soulignent les universitaires spécialistes des E-U . Ce mouvement pour les droits civiques n’a pas été facile, il s’est heurté à une intense haine dans les Etats du Sud comme le montrent les images d’archives, mais il a fini par l’emporter. C’est le sens du célèbre discours de Martin Luther King en 1963 » I have dream », la fin des lois discriminatoires doit permettre aux Afro-Américains d’accéder à l’égalité. Il semble que quelques années avant son assassinat Martin Luther King ait adopté un point de vue plus radical.
Une autre partie du mouvement afro- américain avait une vision plus radicale. C’était le cas des Black Panthers qui avaient une vision révolutionnaire et critiquaient la société américaine à leurs yeux structurellement raciste. Angela Davis était proche de ce mouvement. La répression fut féroce : morts, infiltration de traîtres, ce que montre bien le film » Judah and the black Messiah » de Shaka King.Certains accusent la police d’avoir diffusé la drogue dans les ghettos pour affaiblir les Afro-Américains.
Je ne connais pas l’évolution de la pensée d’ Angela Davis, mais il est possible qu’elle ait conservé une vision » radicale » au sens américain du terme, d’ où sa critique de la loi interdisant le port du voile à l’école. On peut aussi penser qu’elle ignore la situation de la France ou qu’ elle n’en n’a que des informations incomplètes. Contrairement à ce qu’elle croit, l’interdiction du voile à l’école est un facteur d’émancipation et un moyen d’échapper au patriarcat et à l’obscurantisme. On attend ses critiques de la répression qui frappe les femmes iraniennes. Valérie Pécresse a donc eu raison de prendre l’engagement d’ Angela Davis au sérieux. Elle a eu raison de confier le soin de trancher au Ministre. Pap Ndiaye est un spécialiste de l’histoire des Etats-Unis et de l’histoire des Noirs aux Etats-Unis. Ne soyons pas naïfs, c’est aussi un coup politique. Si le ministre entérine le choix, on pourra l’accuser d’être complaisant avec les » séparatistes »; s’il refuse, il sera critiqué par l’extrême – gauche. Joli coup de billard à trois bandes, Madame Pécresse !!!