Il y a quelques semaines Taha Bouhafs avait été écarté de la candidature LFI à la députation parce qu’il était accusé ( accusé ne veut pas dire coupable ,je le précise) de violences sexuelles. Entretemps le député LFI Eric Coquerel élu à la commission des finances de l’ Assemblée nationale fait lui aussi l’objet d’accusations de harcèlement ,mais bénéficie d’une certaine indulgence . Sans doute mécontent de ce » deux poids , deux mesures » , Taha Bouhafs publie un texte dans lequel il relate les circonstances dans lesquelles il a été écarté de la candidature. La député Clémentine Autain lui aurait dit qu’il payait un peu pour les autres . Taha Bouhafs affirme qu’il n’a pu se défendre et être confronté à son accusatrice ( pas en personne ,mais au moins face à ses arguments). Clémentine Autain conteste cette version et dit que le message de Taha Bouhafs contient des affirmations factuellement inexactes ,on aimerait savoir lesquelles.
J’ai participé à ces débats sur un autre site.Il me semble qu’il faut peut-être prendre un peu de distance . Beaucoup de gens ne s’intéressent pas aux débats sur les accusations de violences sexuelles chez LFI et sur les moyens de les résoudre ( un comité sur les violences sexuelles) Il me semble que beaucoup de gens ont compris que ce comité était peut-être à géométrie variable. » Tu paies un peu pour les autres » aurait dit Clémentine Autain.
Mais là n’est pas l’essentiel de ce que je voulais dire. On se demande ce que ces accusations ,ces justifications révèlent et cachent . Elles révèlent les tensions au sein de LFI. LFI voudrait être un parti exemplaire en matière de violences sexuelles , et pourtant on apprend que ceux qui sont accusés ne peuvent pas se défendre. Ce comité est un moyen de contourner la justice , puisque les accusatrices ne portent pas plainte ou sont dissuadées de la faire peut -être. A la place de la transparence ,on voit plutôt les intrigues ,la volonté de protéger sans doute certains secrets. Mais on a envie de demander que ( et non qui ) protègent ces intrigues. On se croit dans » la lettre volée » d’ Edgar Poe . Le document caché est exposé à la vue de tous et est ainsi mieux dissimulé. Je n’ignore pas que Jacques Lacan a consacré un séminaire et un chapitre des Ecrits à ce sujet ,mais c’était un texte trop difficile pour moi. Ce que révèle ces pratiques obscures , ce sont les dysfonctionnements. Au lieu de saisir la justice ,on saisit ce comité ,mais ce comité ne fonctionne pas bien et révèle que les décisions sont plus ou moins arbitraires . Ce que cela cache est plus difficile à déterminer. Un certain nombre de membres de LFI sont sans doute sincèrement attachés à la lutte contre les violences sexuelles, mais l’institution mise en place est critiquable au moins en partie .LFI a instrumentalisé cette instance , et surtout LFI fait savoir qu’elle ne respectera pas ( ou pas toujours) ses propres règles. On proclame qu’on est meilleur défenseur des droits des victimes de violences sexuelles que les autres ,mais on invente et on ne respecte pas ses règles . Je crois que c’est cela qui pénalise LFI en fin de compte et c’est cela qu’elle veut à la fois révéler et cacher . Derrière le moralisme, cynisme . Le comité a sans doute été réellement pensé pour lutter contre les violences sexistes ,mais il est présenté comme une vitrine ( voyez comme nous sommes meilleurs que les autres ,plus en avance) et en même temps , ce comité ne propose même pas semble t-il des garanties élémentaires ( accès au dossier ,droit à une défense équitable) ,il détourne les victimes de porter plainte en justice , et surtout il est utilisé de façon cynique ( » tu paies un peu pour les autres » ) . La toute puissance du désir de conquête politique l’emporte sur le reste . Pour qualifier le sexisme qui règnerait chez les Insoumis , un journal ( » Causette » ?) a intitulé son article ,je crois » Les insoumis les veulent soumises ».Il faut tout soumettre au désir de contrôle politique .Un totalitarisme en projet .Des idéologues.